L’origine de notre famille remonte au moins à l'an 900, si l’on tient compte des faits suivants, irréfutables:
En Mesa Mani (Magne Interne), dans le domaine de «Anopoula» ou «Makryna», du côté du golfe de Messénie, on trouve une forteresse isolée, la forteresse d’Orya (c'est-à-dire «belle» en grec) construite en forme de "parapet". «Elle fait 5,5 km de longueur, ce qui explique son nom: «Makryna» (c'est-à-dire «long» en grec), 200-500m de largeur, culmine à 350 mètres au-dessus du niveau de la mer et située à une distance de 100m du continent. Pour toutes ces raisons, nous pensons que la forteresse d’Orya servit de refuge lors des attaques de pirates, du moins pendant la période de l'Empire Byzantin, avant l’arrivée des francs.».
Il est historiquement admissible qu'au cours de cette période, entre 800 et 1200 AD, Mani était peuplée de seulement quelques dizaines de familles ou clans.
Les Grecs réfugiés de Nykli, ville Byzantine d’Arcadie détruite par les Ottomans, ces étrangers qui ont causé tant de souffrances dans la région et ont tenté de s'imposer aux indigènes de ces lieux, comme les membres de notre génération, n'étaient pas encore arrivés à Mani.
Les membres de notre famille se réfugiaient dans la forteresse d’Orya lorsque les pirates menaçaient d’attaquer. D’autres familles de la région les y rejoignaient et ils y vivaient tous ensemble. Les membres de notre famille renonçaient alors provisoirement à leur lieu de résidence habituel et à leurs terres qui se situaient autour de l'église d’ Aghia Kyriaki, à Nomia.
Dans la zone centrale d'Anopoula, du côté Est, il existe encore les ruines d'une forteresse et de structures de maisons. On trouve à cet endroit de nombreuses citernes, dont la plupart sont assez profondes. Les femmes, les enfants et les personnes âgées de toutes les familles de la région, c'est-à-dire ceux qui ne pouvaient pas porter des armes, vivaient dans ces maisons, dont les vestiges sont encore là. Les hommes en armes, eux, combattaient les pirates, abrités derrière le petit mur d'Anopoula appelé "batés", qui mène au continent et aux villages de Nomia, Kounos et Kipoula.
Pendant la courte période où les gens étaient obligés de rester dans la forteresse ils mangeaient et dormaient tous ensemble, mais chaque famille possédait sa propre citerne, ainsi que le révèle les ruines, même aujourd'hui. Ces périodes furent courtes parce que les pirates, lorsqu’ils assiégeaient Anopoula ne pouvaient pas passer beaucoup de temps à terre, loin de leurs embarcations, exposées à la mer très agitée, voire tempétueuse dans cette région.
Il y a maintenant longtemps que mon oncle Ioannis Patsourakos, fils de Vassilios, archéologue amateur et maniote dévoué, a repéré la petite maison qui appartenait aux membres de notre famille dans la forteresse d’Orya.
Cette maison refuge, utilisée lorsqu’il y avait danger, comme toutes les autres maisons de la forteresse, est très caractéristique et représentative de l'époque avant 1200 AD. Parmi les ruines de cette maison à l’intérieur de la forteresse, il y a sur un rocher une très vieille inscription portant le nom de "PATSOUROS". Le climat sec de la région a été la principale raison qui explique pourquoi cette inscription est restée préservée pendant des siècles.
Le nom "Anopoula", c'est-à-dire «Ano Poli - Haute-ville», a été donné par les réfugiés qui ont fui la Crète en 1365. Ils sont venus de la région de Sfakia, où il existait une grande ville nommée "Anopoula" et où, d’ailleurs, un petit village portant le même nom existe toujours. La vieille ville de «Anopoula» fut conquise et ses habitants réduits à l’esclavage par les Vénitiens.
Cette inscription, ainsi que la structure de la maison dans la forteresse, typique d’une période précédant l'an 1200, comme il est mentionné plus haut, constituent la preuve irréfutable que notre famille était présente dans la région avant 1200 AD.
Toutefois, le fait que, dans la forteresse d’Orya, Ioannis Patsourakos ait trouvé l’inscription «Patsouros» dans les ruines d'une maison révèle que notre famille a été forte, influente et profondément enracinée dans la région.
Par conséquent, nous pouvons sans crainte déduire que les origines de notre famille peuvent se situer, en termes de chronologie, au moins trois cents ans avant la date susmentionnée, c'est-à-dire aux environs de 900 AD
Un autre fait indéniable, qui devrait être pris en considération dans la détermination de l'origine de notre famille, est la petite église privée d’Aghia Kyriaki qui lui appartenait, qui date de 800 AD et existe toujours de nos jours.
L'église d’Aghia Kyriaki est une petite église mégalithique et sans caractéristiques particulières, comme toutes les églises construites avant 1300 AD à Mani.
Il est un fait historique reconnu que les Maniotes, c'est-à-dire les habitants de Mani, se convertirent au christianisme en 880 AD
La conclusion qui découle de ce qui précède est que les membres de notre famille, afin de montrer leur foi et un dévouement total à la nouvelle religion (le christianisme), ont construit l'église d’Aghia Kyriaki pour aller à la messe dans leur propre église, ainsi que pour établir leur supériorité sur les autres habitants de la région.
Une autre preuve de la présence influente de notre génération à la région de Nomia est une mélopée funèbre de l'an 1400, où il est fait référence à la tour d'un Patsouros tué, ainsi que de son bateau de pirate appelé «Phalena» (Baleine). Grâce à cette mélopée de 1400 AD on peut en déduire que notre famille existait déjà depuis plus de cinq cents ans, qu'elle a été l’une des plus grandes, des plus influentes et des plus prospères de la région et qu’apparemment elle possédait plus d'une tour et de bateau de pirates.
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